Shou Sugi Ban, Yakisugi, bois brûlé : vous connaissez ?
Technique japonaise ancestrale, le brûlage du bois séduit de plus en plus à travers le monde. Écologique, résistant, durable, protecteur et décoratif, découvrons ensemble les multiples propriétés du bois brûlé.
Je vous ai préparé un dossier complet pour découvrir le Shou Sugi Ban (pardon, le Yakisugi : je vais vous expliquer les différentes appellations). Nous verrons aussi comment adopter le bois brûlé, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Infos, astuces, techniques et mode d’emploi, tout y est ! Alors suivez-moi et sortez les chalumeaux !
Sommaire
- 1 Les origines du bois brûlé
- 2 Les avantages du Shou Sugi Ban !
- 3 Se former au Yakisugi / Shou Sugi Ban avec un spécialiste
- 4 Les différentes utilisations du Shou Sugi Ban
- 5 Matériel indispensable pour le brûlage du bois
- 6 Le bois brûlé japonais en 5 étapes
- 7 Shou Sugi Ban ou Yakisugi : quelle différence ?
- 7.1 Le Shou Sugi Ban n’existe pas !
- 7.2 Le Shou Sugi Ban est en réalité le Yakisugi !
- 7.3 Yakisugi, mon ami !
- 7.4 Une enquête brûlante
- 7.5 Infos sur le terme Shou Sugi Ban : Internet est une passoire mémorielle !
- 7.6 Vraie appellation : Shou Sugi Ban ou Yakisugi ?
- 7.7 Lost in translation : ça chauffe !
- 7.8 Comment prononcer la technique japonaise du bois brûlé ?
- 7.9 Différentes appellations du brûlage de bois : résumons !
- 7.10 Première révélation : les enjeux d’une technique ancestrale
- 7.11 Seconde révélation : un livre sur le Yakisugi !
Les origines du bois brûlé
L’utilisation du bois brûlé remonte à la nuit des temps. Par exemple, au Néolithique, les humains durcissaient leurs pointes de flèches à la flamme.
C’est dans le Japon médiéval que la technique de brûlage du bois de bardage s’est développée. En effet, comme dans les villes d’Europe, les maisons japonaises était majoritairement construites en bois. De plus, les rues étaient étroites. Cela favorisait la propagation d’incendies gigantesques comme celui de Chartres en 1134, de Bourges en 1252 ou ceux qui ravagèrent l’ancienne capitale du Japon : Edo.
Ces incendies urbains étaient parmi les pires calamités que les habitants avaient à redouter. La ville d’Edo a connue à elle seule 85 incendies majeurs durant son histoire ! Les japonais ont donc pris l’habitude à cette époque de brûler les bardages de cèdre (Cryptomeria japonica) qu’ils employaient pour leurs façades. Pourquoi ? C’est ce que nous allons voir.
Les avantages du Shou Sugi Ban !
Les avantages du Shou Sugi Ban sont multiples :
- Une fois brûlé, le bois devient plus résistant et ralentit la propagation du feu entre les bâtiments.
- Le bois ainsi traité ne contient plus d’amidon dans ses couches supérieures, les insectes xylophages et les champignons n’ont donc plus rien à grignoter !
- Le bois brûlé est extrêmement résistant aux UV (qui est une des causes majeures du vieillissement du bois).
- Après le huilage final le bois est hydrofuge, limitant ainsi les variations dimensionnelles.
Le bois ainsi préparé et protégé est réputé durer près d’un siècle ! Quel traitement chimique nous garantit une telle longévité ? Ne cherchez pas, il n’y en a aucun !
Vous l’aurez compris, le Shou Sugi Ban(Yakisugi) mérite vraiment qu’on s’y arrête car il présente de nombreux avantages pour la réalisation d’éléments extérieurs en bois massif. Les multiples variations des tons du brûlage du bois offrent également toute une palette d’effets pour la décoration intérieure. L’intensité du feu, les essences employées (cèdre, douglas, chêne, pin…) et le débit (dosse ou quartier) sont les 3 facteurs à explorer pour faire varier son esthétique. Vous avez ensuite une multitude de possibilités.
Se former au Yakisugi / Shou Sugi Ban avec un spécialiste
Découvrez les différentes techniques de brûlage, le matériel, les effets décoratifs multiples mais aussi les limites d’utilisation du yakisugi… Participez à l’une des matinées de formation pour apprendre en pratiquant ou bien téléchargez le guide du brûlage que j’ai écrit pour vous.
Retrouvez tous les détails sur cette page.
Les différentes utilisations du Shou Sugi Ban
Longtemps réservé au bardage des maisons, le bois brûlé s’invite partout, à l’extérieur comme à l’intérieur de la maison. Le Yakisugi est devenu une tendance lourde en architecture et en déco. J’ai d’ailleurs été interrogé par une étudiante en Design d’objet pour parler du Yakisugi dans une vidéo très dense. Si le sujet vous intéresse, vous allez apprendre beaucoup choses sur la l’utilisation, la protection et la culture autour du Yakisugi.
En intérieur
Certains adoptent le Shou Sugi Ban en revêtement mural. En habillage d’une cheminée ou en tête de lit dans une chambre, l’effet est garanti !
Imaginez également l’allure que peut donner ce noir profond à un vieux meuble customisé par le feu. Les objets du quotidien peuvent également recevoir ce traitement : planche à découper, couverts en bois, luminaires, objets déco, porte-clés ou porte-manteau… La créativité est infinie !
En extérieur
Cette technique japonaise ancestrale constitue une alternative plus écologique aux bois tropicaux ou traités. Que diriez-vous de laisser pousser les cumaru (Dipteryx odorata) ou ipé au Brésil et d’opter pour une terrasse en bois brûlé ? Des tests sont actuellement en cours pour faire évoluer les classements techniques du Shou Sugi Ban et faire reconnaitre ses performances.
Clôtures, claustras, pergolas et jardinières en bois brûlé vont vous séduire par leur esthétique et leur côté écolo !
D’ailleurs, en dehors du bardage de notre maison en bois brûlé, j’ai également utilisé le Shou Sugi Ban pour mes potagers en carrés. Je les réalise avec du douglas que j’ai abattu et débité dans ma forêt. Vous pouvez aussi utiliser du bois de coffrage (non-traité) que vous trouvez dans les cours à matériaux des grandes surfaces de bricolage.
L’avantage est d’utiliser du bois vraiment pas cher et de le rendre esthétique et beaucoup plus durable, même en contact direct avec la terre. Le brûlage modifie la structure du bois. En effet, la cellulose disparait en laissant la lignine. Comme les insectes et les champignons se nourrissent des sucres (amidon) contenus dans la cellulose, le bois brûlé ne présente plus d’intérêt pour eux.
Matériel indispensable pour le brûlage du bois
Si vous voulez faire votre propre Shou Sugi Ban, il vous suffit de quelques éléments pour commencer :
- Vos planches (essence, épaisseur et type de débit à votre convenance)
- Chalumeau de couvreur complet avec godet titane, tuyau caoutchouc souple de 10m, longue canne, détendeur 4 bar fixe pour bouteille de gaz propane ou un peu moins cher avec un godet acier (pour les petits projets un petit chalumeau de plombier au gaz MAP de ce type peut vous suffire)
- De l’eau pour stopper le feu
- Brosse métallique à fils laitonnés
- De l’huile de Tung pour fixer le carbone et nourrir le bois
Si vous avez des difficultés pour faire votre choix parmi les différents chalumeaux, j’ai réalisé cette vidéo pour vous aider à y voir plus clair…
Le bois brûlé japonais en 5 étapes
N’ayez pas peur, le Shou Sugi Ban est un procédé très simple. Essayez, je suis sûr que vous allez adorer ça !
1/ Brûler le bois à l’aide du chalumeau en veillant à être régulier dans le brûlage pour obtenir une teinte et un effet homogène.
2/ Lorsque le bois est bien brûlé en surface ou que vous estimez que sa teinte vous convient, arrêter le feu avec de l’eau puis laisser le bois à la verticale pour que l’eau puisse ruisseler hors de la planche. Laisser sécher quelques instants (variable en fonction du climat…). En réalité cette étape n’est pas obligatoire. Parfois, je préfère passer au huilage sur le bois encore chaud, directement, sans rincer. Cela gagne du temps (pas de séchage) et je garde la belle écaille du brûlage.
3/ Une fois la planche sèche, brosser le bois dans le sens des fibres pour enlever la couche carbonisée et friable. Pour cette étape, je préfère utiliser une brosse violon à fils laitonnés. Sa forme permet d’accéder facilement à tous les recoins et ses fils sont à la fois fermes et fins. Le résultat dépend en partie du type de brossage que vous effectuez. Comme pour l’étape précédente du rinçage, vous n’êtes pas obligé de brosser votre bois brûlé. Le brossage permet d’obtenir d’autres nuances de Yakisugi.
4/ Appliquer ensuite généreusement l’huile de Tung Sol-éco à l’aide d’un spalter ou d’un pinceau large. La consommation d’huile de tung est majorée de 10 à 30% par rapport à un bois non brûlé.
5/ À l’aide du chalumeau, sécher l’huile en chauffant l’ensemble de la planche. Régler la flamme avec moins de puissance que lors du brûlage. Le but étant d’accélérer la catalyse de l’huile par évaporation des parties volatiles et non pas de rebrûler votre planche ! Vous pouvez également stocker directement votre bois sur des bastaings et le laisser sécher tranquillement sans le chauffer. Attention : si vous stockez des lames en paquet séparés par des tasseaux posés sur les faces brûlées, ne laissez pas l’huile sécher. Si vous laissez votre stock en l’état plus d’une semaine, vous arracherez le carbone quand vous dépalettiserez.
Et voilà ! L’ensemble de ces opérations vous auront pris environ 10 minutes pour une planche de bardage classique. Toutefois, ne transposez pas ce temps pour chaque lame de bardage. Vous irez beaucoup plus vite en travaillant en série.
Votre bois est maintenant prêt à traverser le temps !
Si vous souhaitez aller plus loin et vous former au bois brûlé, voici ce que j’ai préparé pour vous.
Shou Sugi Ban ou Yakisugi : quelle différence ?
Vous l’avez remarqué, depuis le début de cet article, je vous parle de Shou Sugi Ban et de Yakisugi pour vous présenter la technique du bois brûlé. En réalité, ces 2 termes ont la même signification.
MAIS, ce n’est pas aussi simple ! Voici l’histoire en détails…
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Le Shou Sugi Ban n’existe pas !
Je croyais que le Shou Sugi Ban existait depuis des siècles ! Qu’il était apparu du côté de Seto et Hiroshima, au Japon pour protéger le bois du climat local chaud et humide. Je m’étais trompé… Enfin pas complétement non plus !
Cette technique ancestrale japonaise protège durablement le bois par le feu. Elle présente de nombreux avantages techniques, écologiques et esthétiques. Je l’emploie moi-même depuis plusieurs années avec bonheur tant à l’extérieur qu’en intérieur. J’ai même écrit plusieurs articles sur le Shou Sugi Ban dont « Ma maison en bois brûlé ».
Je le sais maintenant, je faisais une erreur monumentale. Moi qui aime la précision, je suis resté plus de 6 ans dans le faux. Fin 2019, j’ai persévéré dans l’erreur en créant un groupe Facebook : « Fans du Shou Sugi Ban » (vous êtes bien sûr invité à rejoindre ce groupe si le thème vous intéresse). Ce groupe francophone à l’origine est vite devenu international. Il regroupe aujourd’hui plus d’une vingtaine de nationalités issues de 5 continents ! Que des joyeux fans du Shou Sugi Ban ! D’ailleurs j’adore l’enthousiasme qui se dégage du groupe. Tous ces passionnés du monde entier, fiers de poster leur dernier projet passé par la flamme. Cette technique a quelque chose de primitif, intemporel et puissant. Ceux qui y goutent une fois récidivent !
Malgré tout, j’ai commis une erreur… Découvrez laquelle, et ne faites plus la même !
Le Shou Sugi Ban est en réalité le Yakisugi !
Il y avait bien eu quelques alertes, mais j’étais trop aveuglé par mon enthousiasme… Je n’ai pas écouté assez attentivement les quelques voix çà et là qui allaient à l’encontre de ma croyance.
Par exemple Caroline Hans, qui a rédigé un mémoire sur le sujet (ainsi que la page Wikipedia du bois brûlé Yakisugi) lorsqu’elle était élève en école d’architecture. Ou mon client de la pointe bretonne Marc Elies (MEBB). Ou bien un article de Nakamoto Forestry (en anglais) qui proposait une piste intéressante…
Malheureusement, je ne voyais pas la charge de cavalerie pointer au loin.
Et puis les Anglais ont tiré les premiers… Heureusement, nous n’étions pas à la bataille de Fontenoy (« Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! »). Mais la salve fut cinglante. Contrairement aux bataillons de Louis XV, je n’avais rien à gagner (pas même une noix de jambon de Bastogne ou une gaufre car Fontenoy est en Belgique mais on s’éloigne là!).
En fait, c’est arrivé sur Facebook, dans le groupe des « Fans du Shou Sugi Ban ». Un « cheval de Troie » accepté quelques jours auparavant dans le groupe me contacte en message privé. Cette dame me dit à peu près ceci :
« Guillaume, vous utilisez l’expression « Shou Sugi Ban » qui est notre marque déposée au Royaume-Uni depuis 2009 et dans toute l’Europe depuis 2018. Vous parlez de Shou Sugi Ban au lieu de Yakisugi. Nous sommes les inventeurs du terme « Shou Sugi Ban » qui est une désignation de notre marketing. Veuillez cesser immédiatement l’utilisation frauduleuse de ce terme. »
Yakisugi, mon ami !
Bon, là, je vous avoue que le sol s’est un peu dérobé sous mes pieds. D’abord, je ne suis pas en concurrence avec cette entreprise anglaise qui promeut vaguement le bois brûlé (d’ailleurs ils n’en fabriquent pas eux-même et la majeure partie de leurs projets d’architecture sentent plus le ciment que la fumée…). J’ai écrit des articles, tourné des vidéos et créé le groupe Facebook uniquement pour partager mes idées et connaissances autour du bois brûlé.
J’ai vérifié à nouveau sur les moteurs de recherches et il existe des centaines de liens utilisant l’expression Shou Sugi Ban à travers le monde. Il faut vraiment chercher pour trouver un premier lien avec cette entreprise anglaise qui revendique légalement la propriété du terme.
En fait, les 2 expressions Yakisugi et Shou Sugi Ban semblent être utilisées à travers le monde.
J’ai immédiatement décidé 2 choses :
- Changer le nom du groupe Facebook, désormais appelé « Fans du Yakisugi »
- Étoffer mes connaissances par une recherche minutieuse que je vais maintenant partager avec vous.
Ce que j’ai découvert ensuite m’a vraiment soufflé !
Une enquête brûlante
Parmi les lecteurs de ce blog, il y a un détective privé qui a 25 ans de métier (et intrigué par le bois brûlé). Il doit sourire en lisant ce titre que j’écris en pensant à lui.
Pour comprendre ce qui se passait, j’ai d’abord contacté mes interlocuteurs habituels à l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle). Je leur ai demandé comment une expression qui désigne universellement une technique a pu être déposé. Car soyons clair, j’attends toujours la preuve que cette entreprise britannique a créé elle-même cette expression vers les années 2005-2006 comme elle le prétend. Comment son nom aurait-il disparu des radars alors que la marque en question se serait miraculeusement propagée autour du monde de la France au Canada et à l’Australie ou aux Philippines ? Et cela bien sûr avec le budget communication d’une petite PME ! C’est comme si Mickey était devenu célèbre dans le monde entier, sans pub et sans que personne ne connaisse Disney…
Bref, la règle actuelle en terme de propriété intellectuelle interdit le dépôt d’une technique. Donc pas de marque style « marqueterie », béton banché » ou « pot-au-feu ».
Il est probable que cette entreprise anglaise ait argumenté sur un mot à consonance chinoise ou japonaise en disant l’avoir créé de toute pièce. L’institut Européen de la propriété intellectuelle (EUIPO ) ne diligente pas d’enquête et se limite à une recherche d’antériorité dans la base des marques. Après le délai légal d’information pendant lequel les contestations sont possibles, la marque est enregistrée. Fin du film.
Ensuite, si quelqu’un veut contester la validité d’une marque enregistrée, il doit ouvrir une procédure en contentieux. Cela coûte plusieurs milliers d’euros. Les conseillers français interrogés étaient eux-mêmes dans l’impossibilité de me renseigner plus clairement sur ce point, n’ayant jamais eu affaire à ce type de procédure. Ils m’ont simplement assuré que « cela coûte plus cher que le dépôt »… Cette procédure se joue autour de la démonstration de l’utilisation antérieure au dépôt de l’expression en question ainsi que de son caractère technique reconnu largement.
En gros, j’arrivais à la conclusion sur ce point que l’entreprise britannique avait légalement la propriété intellectuelle en Europe de cette expression mais que cela reposait sur un socle fragile.
Vous verrez à la fin de cet article que la propriété industrielle me réservait encore une autre surprise…
Désormais mes recherches s’orientaient dans 2 voies :
- L’antériorité ou pas de l’expression avant 2009 (UK) ou 2018 (Europe)
- L’étymologie et l’étude des caractères qui composent l’expression.
Infos sur le terme Shou Sugi Ban : Internet est une passoire mémorielle !
En remontant les origines des publications consacrées au Shou Sugi Ban, je me suis heurté à un écueil. S’il est facile de faire des recherches par date, les résultats sont très aléatoires. On peut définir dans Google que nous cherchons des publications antérieures à 2009 par exemple. Le souci c’est qu’Internet est un outil très jeune et remis à jour fréquemment. J’ai donc facilement trouvé des liens de publications datant de 2006 ou 2007. Cela tendait à prouver que mes interlocuteurs anglais avaient un peu surestimé leur créativité linguistique. Mais en cliquant sur les liens en questions, les pages proposées ne reflétaient pas le lien. En effet, elles avaient été mises à jour de nombreuses fois dans l’intervalle. Alors preuve ou pas ? Cest pas clair.
Si vous voulez, c’est comme un livre d’histoire auquel on aurait gardé le sommaire au fil du temps et modifié tout le contenu des chapitres.
Finalement, le sommaire garde une trace d’un contenu depuis longtemps disparu. Si nous basons toutes nos recherches historiques sur Internet, nous risquons d’être de plus en plus déçu au fil du temps.
En plus la majeure partie des contenus publiés ne sont validés par aucun tiers. C’est aussi le cas du blog que vous lisez actuellement. Je m’applique à citer mes sources et consulter des experts mais je peux me tromper de bonne foi !
Cette piste est donc un peu délicate. Je la laisse de côté pour l’instant en attendant de trouver des publications qui nous apporteraient un éclairage nouveau et fiable sur ce point précis. Voyons un peu ce que ça donne sur le plan linguistique.
Vraie appellation : Shou Sugi Ban ou Yakisugi ?
Voici un mystère, doit-on parler de Shou Sugi Ban ou de Yakisugi pour parler de cette technique japonaise de bardage brûlé ? Mettons de côté les revendications (aujourd’hui légales) de l’entreprise britannique et intéressons-nous aux termes employés.
Bien sûr les 2 expressions se basent sur la même série d’idéogrammes chinois, passés dans le japonais au Moyen-Âge. Ces idéogrammes appartiennent au Kanji, un des 3 alphabets qui cohabitent en japonais. Sur cette partie, l’article de Nakamoto Forestry (en anglais) est très clair. D’après eux, l’expression Shou Sugi Ban est une erreur de lecture des idéogrammes chinois par quelqu’un qui ne connait pas le japonais et la prononciation particulière du kanji.
A ce stade, j’en suis là : la véritable expression est Yakisugi-ita mal prononcée (on ne sait pas bien à partir de quand) « Shou Sugi Ban ». Ce qui signifie « planche (ita) de cèdre (Sugi) brûlée (Yaki)« . Pour le japonais, c’est ok ! Mais la partie soi-disant chinoise m’interroge encore…
Au collège, j’étais helléniste et j’ai toujours adoré l’étymologie ! La recherche des racines des mots nourrit une de mes plus grandes forces, l’#Input (ma 3ème exactement selon le test Gallup CliftonStrengths dont je parle régulièrement sur un autre blog que j’alimente : DesForcesPourLaVie. Ce test permet de découvrir ses talents naturels et de les développer en véritables forces).
#Input, c’est la capacité à collectionner les infos, les chiffres, les connaissances car, on ne sait jamais, ça peut toujours servir un jour ;).
Ici, il ne s’agit pas de mots grecs mais de caractères chinois. Je décide alors de mettre mon « Guanxi » (réseau en Chine) en alerte pour m’aider à contacter un des plus grands sinologues en France : Cyrille J.D Javary. Lui seul peut m’éclairer sur l’interprétation des idéogrammes avancée par Nakamoto Forestry…
Lost in translation : ça chauffe !
Là, on rentre dans le « dur »…
Avant de contacter Cyrille J.D Javary, j’ai feuilleté une fois de plus mon « Grand dictionnaire RICCI des plantes de Chine ». Puisque tous ces idéogrammes étaient chinois, la première chose à faire était de vérifier s’ils désignaient bien ce qu’on prétendait : du cèdre du japon (Cryptomeria japonica) brûlé.
En réalité, je tombe sur un terme composé de 2 idéogrammes 柳杉 qui se prononcent « liǔ shān ». Donc pas de « Sugi » qui signifie cèdre en japonais… de plus, un seul de ces idéogrammes se retrouve dans l’expression Shou Sugi Ban/Yakisugi-ita.
Voici une traduction rapide de la partie intéressante de l’article du blog de Nakamoto Forestry :
kanji「焼」ou « yaki », dans la prononciation indigène japonaise, se lit comme « shou » dans la prononciation japonaise de la prononciation chinoise originale, également écrite comme « xiao » dans le mandarin moderne Pinyin. Alors「板」ou « ita » dans la prononciation indigène japonaise se lit comme « ban » dans la prononciation japonaise de la prononciation chinoise originale, similaire à « ban » dans le mandarin moderne Pinyin. Il est donc fort probable qu’un universitaire (en raison du mot composé de 3 kanji moins souvent utilisé) ait lu par erreur 「焼杉 板」 comme « shousugiban » au lieu du bon « yakisugi-ita », ou plus communément « yakisugi ». En d’autres termes, l’erreur commise par un étranger a été de lire le kanji composé avec un mélange de prononciation chinoise et japonaise, au lieu de la seule prononciation japonaise que tout Japonais connaît.
Vous suivez encore ?
C’est là que nous avons vraiment besoin des compétences d’un spécialiste de la trempe de Cyrille Javary… Je dois préciser que j’apprécie la rigueur, l’écriture et le partage de connaissances de ce spécialiste de la Chine qui vécut d’ailleurs à Taiwan entre 1979 et 1981. J’ai lu avec beaucoup de plaisir « Les 3 sagesses chinoises » et « La souplesse du dragon ».
Comment prononcer la technique japonaise du bois brûlé ?
Je me retrouve donc avec 5 idéogrammes dont 1 s’est perdu dans la version finale de l’expression (柳 liǔ) et un autre qui apporte une précision (ita = planche). Quel bazar !
Pour commencer, décomposons l’expression chinoise désignant ce fameux cèdre japonais employé historiquement pour le bois brûlé. 柳杉 liǔ shān. Grâce à Mr Javary, voici ce que j’ai appris :
- 柳 liǔ est le nom commun du saule
- 杉 shān est le nom du sapin de Chine / Cunninghamia lanceolata. Cet idéogramme est resté dans l’expression finale.
- Les 2 ensembles désignent bien le cèdre du japon, Cryptomeria japonica. Ce « cèdre » est en fait de la famille des cyprès… Cette essence très légère et naturellement résistante a été implantée notamment aux Açores et sur l’île de la Réunion.
Maintenant revenons à l’expression complète. Si la prononciation Shou Sugi Ban vient du chinois, nous n’allons pas tarder à le savoir…
Déjà, « Sugi » n’est pas une prononciation chinoise mais Japonaise. Les chinois disent 杉 shān. Et les autres caractères, quelle est leur prononciation ?
Cyrille Javary m’éclaire ensuite sur « Shou » ou « Yaki » :
焼 est la simplification japonaise du caractère chinois : 燒 [shāo] roast, cook, burn et dont la simplification chinoise est : 烧.
Cyrille Javary
Avec shāo, je me retrouve dans les shou, heu, dans les choux je veux dire ! Encore une fois l’hypothèse d’une prononciation à la chinoise des idéogrammes « Yakisugi-ita » ne tient pas la route… D’ailleurs en parlant de choux, avec « Yaki » (grillé, brûlé) nous entrons en cuisine : Yakitori, Yaki udon, Yakisoba… Yakisoba, littéralement « nouilles sautées » rappellent les « chao mian » (炒 chǎo, stir-fry) de Shanghai.
Bon, rangeons les baguettes pour revenir à notre dernier terme : « Ita » ou « Ban ». Toujours selon Cyrille Javary,
« quant à 板 [bǎn] il signifie bien : board, hard ».
OUF ! Enfin un terme qui correspond !
Différentes appellations du brûlage de bois : résumons !
Grâce à l’aide de Cyrille Javary, j’ai pu comprendre quelque chose d’important : la prononciation « Shou Sugi Ban » n’existe pas. Cette expression n’est forgée sur aucune logique linguistique rigoureuse. Si nous devions utiliser une prononciation chinoise, ce serait : « 烧 (shāo) 杉 (shān) 板 (bǎn) ».
En partant de cette expression, cela modifierait sensiblement le résultat car le bois serait alors du sapin de Chine (Cunninghamia lanceolata) au lieu du Cryptomeria japonica.
La prononciation Shou Sugi Ban si elle n’est pas d’origine chinoise, s’est tout de même imposée dans la majeure partie du monde occidental. La seule exception notoire (d’après mes recherches) semble être l’Allemagne qui a conservé majoritairement la prononciation japonaise courte « Yakisugi ».
Dans le fond, cette querelle est de peu d’importance ! L’essentiel étant de se comprendre ! Toutefois, pour une question de précision, je vais m’employer à utiliser désormais en premier lieu le terme Yakisugi en lieu et place de Shou Sugi Ban.
J’espère ne pas vous avoir trop fatigué les neurones avec mes histoires de prononciation… La grande leçon que j’en retire est qu’il faut toujours rester vigilant face à ce qui semble un lieu commun sur le net…
Première révélation : les enjeux d’une technique ancestrale
En début d’article, je vous annonçais une révélation. En fait, je vous en ai gardé 2 pour la fin…
Revenons un instant à l’article de blog de Nakamoto Forestry. Pour l’architecte japonais qui a popularisé en occident la méthode japonaise de préservation du bardage par le feu, Terunobu Fujimori, le nom que nous devons donner à cette technique est bien « Yakisugi ». Et là, il y a un autre problème en Europe.
En effet, comme pour « Shou Sugi Ban », une autre entreprise a trouvé le moyen de déposer « Yakisugi » en tant que marque. Cette fois, c’est une entreprise néerlandaise qui a protégé ce nom via un spécialiste espagnol de la propriété intellectuelle. Encore une faille du dispositif européen de protection intellectuelle ?
Dans ce cas-là, selon mes interlocuteurs de l’INPI en France, l’entreprise néerlandaise exploiterai probablement cette marque de manière contestable car la classe de produit pour laquelle elle est déposée ne correspond pas à l’activité réelle de cette société. Cette société financière ne semble pas en mesure de fabriquer du bois brûlé et de le vendre. Alors pourquoi un tel montage ? Mystère…
En tout état de cause, il appartient maintenant aux Japonais de protéger leur patrimoine culturel. Ils ont prouvé depuis longtemps qu’ils savent le faire avec la notion de « Patrimoine Vivant ». Un « Patrimoine Vivant », c’est une personne qui détient un savoir rare et spécifique. Grâce à ce statut, elle peut le transmettre à un élève dans les meilleures conditions. Cette disposition légale a été transposée en France par le statut de Maitre d’Art, désigné par le Ministre de la Culture.
J’ai déjà expédié un courrier à l’ambassade japonaise en France pour les alerter. J’ai tweeté à ce sujet sans réponse. Un collègue et Fan du Yakisugi en Belgique (Bart Van Herreweghe) a lui aussi écrit à l’ambassade japonaise en Belgique. L’ambassadeur a transmis le courrier aux Pays-Bas…
Les autorités japonaises reconnaissent-elles les termes « Yakisugi » ou « Shou Sugi Ban » comme représentants une technique ancestrale inhérente à la culture japonaise ? La question est à ce jour sans réponse.
Et si oui, quelles actions éventuelles souhaitent-elles mener afin de libérer cette ou ces expressions de la privatisation dont elles font aujourd’hui l’objet en Europe ?
Si vous souhaitez soutenir cette demande, vous pouvez me contacter. Je vous enverrai le modèle de courrier que j’adresse à ces ambassades. Plus nous serons nombreux, plus cela aura de poids bien sûr !
Seconde révélation : un livre sur le Yakisugi !
Toute cette affaire m’a fait réaliser qu’il n’y avait pas de LIVRE sur le sujet du bois brûlé. J’ai cherché en français et en anglais et je n’ai rien trouvé (si je me trompe, laissez-moi un commentaire avec la référence du livre, merci !).
Alors, avec ma merveilleuse épouse, Sophie, nous avons décidé d’écrire ce premier livre sur cette technique à la fois traditionnelle et résolument moderne du Yakisugi. Sophie fera les illustrations et m’aidera à réunir et trier toute la matière. Je me charge bien sûr de l’écriture ;).
Pour ce projet passionnant, nous avons besoin de VOUS ! Vous pouvez construire ce livre avec nous. SI vous avez des images, des témoignages, des projets, des infos, partagez-les. Nous verrons ensuite comment les insérer.
- Si vous êtes architecte et que vous utilisez cette technique pour vos bâtiments, saisissez cette occasion pour les promouvoir dans ce premier livre sur le bois brûlé !
- Si vous représentez une entreprise qui fabrique du bardage ou de la décoration en yakisugi, nous attendons avec impatience que vous partagiez votre passion avec le plus grand nombre !
Nous voulons faire de cet ouvrage un événement dans la communauté des passionnés du bois, des architectes et plus globalement auprès de toutes les personnes qui souhaitent utiliser cette technique ancestrale et écologique pour construire leur maison.
RESTEZ INFORMÉ/E
Laissez votre prénom et votre email si vous souhaitez contribuer ou être tenu/e au courant en premier de l'avancement du premier livre sur le Yakisugi !
Nous lançons donc un appel à coopération pour que ce livre soit le plus complet, le plus beau et le plus inspirant possible ! Rêvons ensemble d’une architecture plus responsable pour le futur. Quelque chose me dit que le Yakisugi coche pas mal de cases…
Alors, vous en êtes ?
Je vous dis à très bientôt pour vous donner des nouvelles de l’avancement de ce premier livre sur le bois brûlé… Une nouvelle aventure passionnante démarre ! Remplissez le formulaire dans l’article pour rejoindre la liste des personnes avisées en priorité.
Le « Shou Sugi Ban » n’existe pas mais il s’écrit pourtant de la même manière que le « Yakisugi-ita » ! CQFD.
Et maintenant, prêt à jouer avec le feu ?…
Vous avez encore des questions ? Discutons-en ensemble dans les commentaires ou par mail 😉
Guillaume de Sol-éco
PS : cet article contient des liens affiliés. Un lien affilié n’est pas une publicité. Je n’ai pas été payé par une marque pour faire sa promotion. Je vous indique simplement des produits que j’ai testé et que j’utilise au quotidien. Si vous achetez un produit en passant par mon lien, votre prix est identique mais je touche une petite commission. Ce petit pourcentage m’aide à continuer à rédiger des articles de qualité pour vous aider 😉
Ressources complémentaires :
- Lien vers la page Wikipedia du bois brûlé, rédigée par Caroline Hans : https://fr.wikipedia.org/wiki/Yakisugi
- Lien vers l’article du blog (en anglais de Nakamoto Forestry sur la confusion des termes : https://nakamotoforestry.fr/2020/06/09/the-meaning-of-sugi-in-yakisugi-shou-sugi-ban/
- Lien vers nos vidéos YouTube : https://bit.ly/325sLS2
- Lien vers la page Wikipedia de l’architecte japonais Terunobu Fujimori : https://fr.wikipedia.org/wiki/Terunobu_Fujimori
- Le site de Cyrille J.D Javary (que je remercie pour le temps qu’il m’a consacré) : https://www.cyrillejavary.com/
Bonjour,
Je souhaite mettre du yakisugi sur les murs de ma douche.
Est-ce possible, le calcaire de l’eau laissera-t-il des traces dans le temps ?
Quand on a brûlé le bois, peut-on passer l’huile de tung sur le bois encore tout chaud ?
Merci
Didier
Je ne recommande pas le yakisugi dans une douche. Trop compliqué à mettre en œuvre et d’assurer l’étanchéité et l’entretien…
Par contre, oui, mettre l’huile sur le bois chaud est une excellente idée pour l’aider à pénétrer et sécher plus rapidement.
Bonjour Guillaume, je me penche de plus en plus sur cette technique !
J’ai pour premier projet de m’occuper de ma palissade en pin. Le bois a été traité par le fabriquant des planches de bois et date au minimum de 2018. Depuis je l’ai laissé en l’état. Zéro huile ni vernis ou peinture. Ma question est donc la suivante : est-il possible d’utiliser le Yakisugi sur ce type de bois ? Dans le cas où c’est oui, j’ai bien noté qu’il fallait le laisser non brossé pour garder la protection la plus grande et il faudra, je suppose, nettoyer certaines planches qui ont une légère mousse.
Un grand merci par avance pour ta réponse !
Bonjour Hanso !
À mon avis pas besoin de brosser la mousse, tu peux la brûler (sauf si elle est gorgée d’eau auquel un raclage pour enlever le plus gros fera l’affaire).
Si je comprends bien ta palissade est déjà en place ?
Si c’est le cas, il faut la démonter pour pouvoir la brûler en toute sécurité.
À savoir, si tu as des assemblages ils risquent de travailler ! Et il faut aussi s’assurer que l’épaisseur des bois soit au minimum de 18-20mm…
Si tout est ok, alors bon chantier !
Guillaume
Merci Guillaume pour cette précision. Oui en effet, la palissade est en place, je compte la démonter, mais l’avantage est que ce sont simplement des lames de bois qui sont dans des glissières. Quand à l’épaisseur je suis large, sauf sur la partie d’emboitement entre deux lames. Je pense que je ne forcerais pas sur l’intensité du feu (changer de buse et/ou puissance ?) , ou je prendrai le partie de les supprimer. A voir sur un premier test en amont. Je reviendrais vers toi début juillet pour l’achat du matériel. J’ai vraiment hâte de brûler mes quasi 70 m2 , avant de passer à d’autres réalisations 😀 !! D’ailleurs deux dernières questions: je fini bien mon bois avec l’huile tung ? et durant le processus je suppose qu’il faut une protection pour les voies, puisque je vais bruler un bois qui a été traité il y a quelques années ?
Super Hanso ! On verra cela avec plaisir début juillet. Et oui, l’huile de tung améliore encore la longévité du brûlage. Pour ton bois traité à brûlé, effectivement tu peux te protéger avec un masque à cartouches filtrantes.
Bonjour et bravo pour tout votre travail, ça fait rêver ! J’aimerais protéger la cabane de mes chèvres avec la technique du Yakisugi, mais est-ce possible de brûler une cabane déjà assemblée, et si oui, y a-t-il une période de l’année privilégiée pour le faire ? (pour l’humidité du bois ou pour le séchage de l’huile peut-être ?)
Merci !
Bonjour ! Pour la cabane de vos chèvres il va falloir trouver une technique différente car vous ne pourrez pas brûler une cabane déjà installée 🙁 C’est trop dangereux ! Il faut toujours brûler avant d’installer le bois, que ce soit du bardage ou quoi que ce soit d’autre. J’ai comme l’impression que vous allez trouver un autre projet pour tester le yakisugi 😉
Bien cordialement
Guillaume de Sol-éco
Bonjour,
Nous regardons pour utiliser cette technique sur des longs rondins écorcés d’environ10-12 cm de diamètre . Nous nous demandons s’il est nécessaire d’attendre qu’ils soient séchés? Est-ce que la couche imperméable de carbone va emprisonner l’humidité à l’intérieur et avoir un effet négatif? Nous ne prévoyons pas appliquer d’huile.
Merci
Il faut toujours attendre que le bois sèche pour plusieurs raisons : consommation d’énergie et temps de brûlage accru, mauvaise carbonisation, collapses (désordres au niveau de la surface du bois, fentes, déformations). En plus, vous parlez de brûler des rondins, donc de l’aubier. Le carbone d’aubier est moins résistant que celui produit par le duramen (bois de cœur). Ensuite, il faut aussi prendre en compte l’essence de bois ainsi que l’usage convoité.
Bien cordialement
Guillaume de Sol-éco
Merci pour vos conseils. Les rondins seront en sapin Beaumier et en épinettes blanches du Québec. Il s’agit des rondins provenant des arbres que l’on coupe pour le tracé d’un sentier de vtt et on se posait la question si cette technique pourrait étirer la vie des rondins qui serviront de structure aux passerelles.
Bonjour ! Je ne connais pas assez bien les essences canadiennes, il faudrait que je vienne faire un stage 🙂
Il faut que les rondins soient écorcés et séchés pour que le brûlage se passe bien.Par contre, le bois brûlé est à éviter sur les terrasses car le passage enlève rapidement la couche brûlée protectrice.
Bien cordialement
Guillaume de Sol-éco
Bonjour,
J’utilise une huile de lin sur le bois brulé mais la matière finale n’est jamais « propre ».
A chaque fois que je passe mon doigt sur le bois, ca laisse une trace noir…
Une solution ?
Cdt,
Cédric.
Bonjour Cédric,
Comme tu t’en doutes, je ne suis pas fan de l’huile de lin. Je préfère de loin celle de tung qui est plus résistante aux bactéries et aux affres du temps ! Après, il y a 2 facteurs à prendre en compte pour protéger le yakisugi : la siccativité de l’huile (sa capacité à durcir) et le grammage déposé. L’huile de tung met environ un mois pour durcir dans le carbone. Il faut également en mettre assez pour garnir toute la couche carboné. Le grammage est d’environ 180g/m2, en fonction de l’épaisseur du carbone. S’il vous reste des traces noires sur les mains, c’est qu’il manque de garnissage. Le carbone est encore libre. L’huile de tung pure est un peu plus visqueuse (donc garnissante) que l’huile de lin.
Bonjour Guillaume,
Est ce que brûler les planches de bois nous dispense de la phase séchage du bois ?
Et est que l’Okoumé est un bon candidat au bois brûlé ?
Merci pour vos réponses et surtout pour cette présentation!
Bonjour Wissam Hejeij,
Si le bois est trop humide (plus de 12%), on consomme trop de gaz et on stresse plus le bois. Il peut alors avoir plus de tuilage et de vrillage. En le laissant reposer, il peut retrouver une structure plus linéaire et droite mais on ne récupère pas tout.
Potentiellement, quasiment tous les bois sont des candidats au bois brûlé mais pas pour tous les usages. Le carbone n’est pas de la même qualité sur toutes les essences. Le carbone du peuplier par exemple n’est pas durable. Pour l’okoumé, je n’ai pas de retour. C’est un bois relativement peu dense donc j’aurais tendance à penser que son carbone n’est pas très durable. Si vous pensez à utiliser cette technique sur un contreplaqué okoumé, je vous le déconseille car les plis vont s’ouvrir avec la chaleur. De plus, je préfère ne plus acheter d’okoumé car c’est une essence surexploitée et braconnée dans de nombreux pays d’Afrique. Malgré les labels type FSC, il est difficile d’être sûr que le bois est exploité de manière durable et honnête pour le pays…
En rediscutant avec un collègue charpentier, il me disait que mon désir de bois sec à 12% est utopique ! Par exemple un douglas dit « sec » est généralement à 18-20%. « À moins que tu le stockes 2 ans dans ta cuisine » m’a t’il dit 😉
C’est un des défauts de l’ébéniste, une vision parfois trop idéaliste et exigeante de la matière et des réalités du marché du bois ! Donc pour résumer on peut rester sur un bois à 20% pour nos chantiers en yakisugi. Pour tester un bois, j’ai écrit un article pour choisir son testeur d’humidité : https://sol-eco-huile.fr/choisir-testeur-humidite-humidimetre/
Bien cordialement
Guillaume de Sol-éco
Bonjour Guillaume, merci pour ce site plein d’informations très utiles! Après avoir acquis un petit kit sur votre shop, j’ai réalisé quelques premiers échantillons avec mon cousin menuisier. Je vais transformer ma cuisine et utiliser une finition yakisugi aussi brute que possible pour les placards. Quelques interrogations à la suite de cette expérience 🙂
– combien de couches d’huile recommandez-vous d’appliquer pour un maximum de résistance du matériau? l’huile rigidifie-t-elle la partie brûlée ou ne fait que de fixer la suie, et donc de la rendre propre au toucher?
– nous réfléchissons comment gérer la finition des portes, particulièrement leurs chants et leurs dos, avez-vous fait des expériences de ce type? reponcer après huilage? tout bruler?
Merci d’avance pour vos conseils!
Le yakisugi craquelé n’est pas super adapté aux portes de cuisine. Je vous recommande plutôt un brûlé-brossé qui est plus solide et offre un beau contraste. L’huile de tung appliquée à raison d’environ 150g/m2 de bois brûlé-écaillé permet de durcir le carbone mais pas au point de le rendre complétement dur. On est plutôt sur un résultat un peu comme une gomme.
Guillaume de Sol-éco
Bonjour je suis à la recherche d’une technique pouvant rendre une niche pour un chenil imputrescible et lavable.
Je suis très attirée par cette technique mais je me pose la question si celui-ci résistera à des lavages et désinfections fréquentes.
Je souhaite bien entendu le faire intérieur et extérieur.
Merci d’avance pour votre réponse.
Bonjour Morgane,
Au-delà des capacités du bois brûlé, je pense que dans votre cas, il vaut mieux partir sur une essence de bois qui résiste naturellement aux traitements que vous envisagez. Je pense par exemple au cèdre du Japon (cryptoméria utilisé également pour le Yakisugi) ou le robinier. Ces 2 essences poussent en France et sont disponibles dans des scieries artisanales.
Bien cordialement
Guillaume de Sol-éco
MESSAGE IMPORTANT AVRIL 2023 :
Si vous êtes basé en Espagne ou au Portugal, Sol-éco se rapproche de vous !
Nous venons d’ouvrir un site web en Espagnol pour servir tous nos clients de la Péninsule Ibérique 😉
Sophie et moi vous invitons à découvrir nos contenus traduits en Castillan.
https://soleco-eu.com/
Bonjour sylvain 58ans je vais essayer la technique du bois brûler sur ma grange ,mais j ais une question, mon intérieur dû coups serra sombre pour pas avoir à le r habillé peut on mètre un colorant dans l huile ? Pour éclaircir
Cordialement
Et merci du partage
Bonjour Sylvain,
Votre intérieur restera de la même couleur que l’essence de bois brute puisque vous ne brûlerez que l’extérieur. Pas besoin de teinte 😉
Bonjour 🙂
Je souhaiterai réaliser un grand boitier pour un synthétiseur de ma conception en utilisant ce fameux bois brûlé.
l’épaisseur des planches de cèdre n’excèderaient pas 1,5cm pour une taille maximale de 53.8cm x53cm pour la planche de fond.
je me pose deux questions :
-cette épaisseur, compte-tenu du poids de toute l’électronique (approx 5Kg), sera-t-elle suffisante pour ne pas se briser à force de déplacements, une fois le bois brûlé ?
-votre huile naturelle Haute Protection est-elle adaptée au bois brûlé ?
Merci par avance et belle journée,
Robin
Bonjour Robin
15mm semble être correct pour le poids et les dimensions de votre caisson. Tout dépend aussi de vos assemblages.
Quant à la finition/protection du bois brûlé, l’huile de tung est idéale.
Par contre, dans votre cas, vous devriez opter pour un brûlé/brossé car la couche carbonisée est toujours sensible au frottement même après huilage.
Parfait !
et donc le mélange huile tung + huile d’orange que vous proposez conviendrait lui aussi ?
merci beaucoup (beaucoup) pour ces petits conseils : )
Oui ça marche aussi ! L’huile d’orange apporte de la finesse et une bonne odeur d’agrume 😉
Bonjour,
Tout d’abord bravo pour votre échange tant au niveau du savoir que technique.
Je m’intéresse fortement à la technique pour des réalisations personnelles, aussi bien intérieures qu´exterieures,et le problème est que je n’arrive pas à faire en sorte que le bois cesse de tâcher les mains !?
J’aimerais savoir quelles finitions dois je appliquer ,aussi bien pour des objets d’intérieurs que d’extérieurs, en voulant garder l’aspect cloqué,croute carbonisée?
Merci beaucoup
Bonjour Xavier,
C’est vrai que le bois brûlé s’intègre autant en intérieur qu’en extérieur ! Pour fixer le carbone, je vous recommande l’huile pure tung en 2 couches minimum. Après séchage complet de l’huile – un peu de patience 😉 – vos mains resteront propres. Bon chantiers !
Le point fort de ce site :
Une réelle possibilité d’échanges directs.
De personne à personne.
Je trouve cela fort appréciable.
Merci
Véronique
Merci beaucoup !
C’est vrai que je prends toujours plaisir à répondre à toutes vos questions et discuter avec chacun d’entre vous !
Merci beaucoup de votre générosité à partager vos connaissances.
Avec grand plaisir Laurence !
Bonjour,
j’aimerais faire ça sur le manche d’un couteau…
Aller jusqu’aux « écailles » 😁
Pour un solicitement de tout les jours, il faut le protéger comment svp ? En gardant le noir…
• 50/50 Huile de lin, therebantine ?
• 30g de cire d’abeille, 30g d’huile de lin, 30g de terebantine.
• l’huile de Tung Sol-éco comme vous…
• Ou encore un huile pour carabine, fusil…
La Ballistol Balsin Huile pour Crosse brun-rouge
Merci d’avance pour vos conseils…
Cordialement, Michel
Bonjour Michel
Sur un manche de couteau vous pouvez faire une finition brûlée-brossée. Par contre une finition brûlée-écaillée, ne supportera pas l’usure du creux de la main. L’idée est séduisante pourtant. La seule possibilité serait (je n’ose le dire ici…) de la résine époxy 😱…
Bonjour, je me présente rapidement
Je suis un ancien Sapeur Pompier de Paris, ayant effectué son service militaire il y a longtemps (sans doute mon intérêt pour le bois brûlé ?).
J’ai travaillé ensuite dans la publicité, puis je suis devenu artiste contemporain et je travaille aujourd’hui dans certaines de mes créations le bois brûlé, je suis tombé par hasard sur votre blog cherchant à perfectionner ma technique pour développer des œuvres de grande taille, résistant aux intempéries.
https://www.or-artcontemporain.com/copie-de-sculptures-1
J’ai été enthousiaste en lisant votre article et je ne sais pas si votre livre est déjà paru ?
Je vous laisse mon contact si vous imaginez un intérêt à me contacter pour votre livre, pour présenter un autre type d’usage au Yakisugi 焼き杉 sous une forme purement artistique.
Bien cordialement
Olivier RIVIERE
https://www.or-artcontemporain.com
+33 (0)6 03 85 47 54
#oriviere_art
@or.artcontemporain
Bonjour Olivier,
Je viens de regarder votre série de sculptures. Effectivement le bois y est très brûlé 😉
Pour le livre, je vais me remettre à l’écriture cet automne car je suis actuellement bien débordé.
Sol-éco grandit et je me concentre donc actuellement sur la structuration de l’activité.
Je garde votre contact.
Merci beaucoup pour vos recommandation.
Bonjour j’aurai une question de process dans la réalisation du shou sugi ban, les planche doivent êtes bruler les une indépendante des autres et ensuite assemble, ou plutôt assemble est ensuite bruler. Par exemple lors de la création un panneaux bois composer de plusieurs planche
cela n’affecte t’il pas le collage et de la déformation ?
Merci d’avance
Bonjour Cédric,
Oui il faut brûler les planches séparément avant assemblage. Cela permet de travailler en sécurité (pas de feu couvant dans des parties peu visibles), de traiter toutes les faces nécessaires sans galérer avec des tourbillons de flamme qui ne brûlent pas bien dans les angles fermés.
Le Yakisugi n’est pas une technique adaptée aux panneaux lamellés-collés. En effet, les collages s’ouvrent avec la chaleur.
Bonne flamme !
Guillaume
Merci @diegosurfboards pour le lien vers cet article 😉
Bonjour
Je voulais savoir si le fait de gratter la surface carbonisé n’enlève pas la protection parceque j’ai cru comprendre qu’il fallait brûler la surface sur 5mn pour qu’il y ait la protection qui dure dans le temps.
Je compte faire la technique sur des panneaux brise vue en extérieur mais j’aime beaucoup les 2 façons déco (carbonisé ou brossé +huile ).
Merci pour votre réponse.
Cdt.
Bonjour Frédéric,
Effectivement, ce qui protège le plus c’est bien la couche carbonée. Donc, si on la brosse, on bénéficie d’une esthétique différente mais pas de la protection. Le brossé est comme un bois brut, il faut donc le protéger si on veut espérer conserver son effet dans le temps. L’huile de Tung convient bien pour cela.
Tu m’a perdu entre l’INPI et la linguistique mais j’apprécie ce sens du détail et de la précision. Ce savoir-faire à faire-savoir est toujours est un ouvrage a peaufiner sans cesse, ou à brûler! Merci pour tes précieux conseils sur cette technique que je recommande de plus en plus autour de moi! Hâte de voir ce livre sur le Shou……. pardon le yakisugi!
J’ai essayé d’être clair mais c’est vrai que c’est assez compliqué !
Difficile aussi de ne pas utiliser le terme « Shou Sugi Ban » alors qu’il s’est imposé un peu partout et qu’il est tant reconnu par les moteurs de recherche 😉
Encore un article super intéressant. Nous avons décider de mettre un bardage sur une partie de notre maison et cette technique et utilisation de l’huile me semble parfaites pour notre projet (je suis très écolo :)). Par contre, si j’ai bien compris, en utilisant l’huile (de tung), il faut refaire une couche au moins 1 fois par an. Est-ce pareil pour le bardage fait avec la technique yakisugi? J’avoue, que je ne me vois pas de refaire le bardage entier, une fois par an… merci beaucoup,
Le carbone du yakisugi rend le bois hydrofuge et insectifuge. Le huilage a pour but de rendre la surface propre au toucher en fixant le carbone et de préserver l’aspect noir. Sans huile de tung le bardage est lessivé en quelques années et retrouve une teinte plus claire qui finit ensuite par griser. Les japonais le laisse brut. Culturellement ce n’est gênant pour eux de voir l’aspect de la façade être modifiée par le temps. Ils appellent cela « wabi-sabi ». En passant 2 couches d’huile lors de la fabrication, votre bardage va garder son aspect pendant plusieurs années en fonction de son essence, de l’exposition, du climat… Vous n’aurez donc pas à repasser une couche tous les ans ! Une couche d’entretien (comme une lasure) tous les 4 à 6 ans me semblent largement acceptable. Une face nord tiendra encore plus longtemps sans intervention.
Débutante néophyte emballée et plus qu’enthousiaste suite à la lecture de cet article des plus pertinents et très informatif.
MERCI – j’ai hâte de continuer mon apprentissage « en tous points » YAKISUGI!
Wouah Francine !
Quelle énergie se dégage de votre commentaire ! Ça fait vraiment plaisir de voir autant d’enthousiasme pour cette technique japonaise séculaire. Et si vous voulez approfondir vos connaissances (en attendant la sortie de mon livre sur le sujet 😉 jetez un coup d’œil à mes formations vidéos et écrites dédiées au bardage en bois brûlé ou au Yakisugi décoratif : https://sol-eco-huile.fr/categorie-produit/se-former-debuter/
Et si vous êtes aussi sur Facebook, rejoignez le groupe des « Fans du Yakisugi ». Il y a déjà pas mal de canadiens qui y partagent leur passion…
Merci à Guillaume pour ces précieux conseils sur un projet de bardage en douglas version sugi-ban.
Une réponse précise par mail le soir même et un excellent suivi après vente 🙂
A recommander
Merci beaucoup Anthony d’avoir pris le temps de laisser un commentaire ! Surtout si élogieux 😉
Je cherche toujours à donner le maximum d’infos pour que mes clients puissent utiliser mes produits de la meilleure manière possible. Je suis également sensible aux retours qui permettent d’améliorer mon offre pour vous apporter encore plus de satisfaction. Bon chantier en Belgique ! J’ai hâte de voir des photos !