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Chimie et protection du bois : les sciences contre les solutions naturelles ?

Si vous me connaissez un peu, ce titre doit pas mal vous surprendre ! En fait, c’est Claire du blog « Sciences ludiques » qui m’a mis le pied à l’étrier sur ce sujet. J’avais bien aimé son article sur les découvertes accidentelles des sciences. Le côté « sérendipité » me parle beaucoup.

Ah ! La chimie pour la protection du bois…

Indispensable pour certains, hérésie pour d’autres !

Pourtant la chimie et les sciences en général sont au cœur de nos vies. Difficile de s’en passer. Même l’huile de tung n’est que chimie organique. Dans cet article, vous allez découvrir pourquoi il est crucial de comprendre les principaux phénomènes chimiques. En effet, l’analyse scientifique permet de trouver des solutions plus écologiques et durables à de nombreux produits. La science repose sur un processus efficace : questionner, analyser, comparer, comprendre.

J’ai choisi 3 axes pour illustrer mon propos :

  • Sortir de la société du « tout pétrole » grâce à l’analyse chimique
  • La chimie pour comparer l’efficacité des produits de finition du bois
  • Trouver des alternatives naturelles grâce à la chimie

J’adore suivre ce chemin qui m’apporte bien souvent une nouvelle couche de conviction quant à l’efficacité de l’huile de tung par exemple.

Alors, pas de transition écologique sans chimie ?

Comment j’ai découvert l’importance des sciences

Je vous la fais courte : je n’ai pas passé le bac.

J’ai quitté le Lycée après la classe de première.

Trop de copeaux sous ma table, pas assez de feuilles noircies, trop d’ennui.

Pourtant, mes notes étaient tout à fait correctes. D’ailleurs, j’étais même plutôt bon en sciences. J’ai même animé 2 cours de biologie (ou sciences naturelles). Ma prof avait oublié de mettre à jour ses notes sur les « réseaux trophiques » (chaine alimentaire) et sur le cycle de l’oxygène… Je le lui ai fait remarqué et elle m’a mise au défi de faire cours à sa place.

J’ai adoré l’expérience 😉

En fait, j’ai découvert l’importance des sciences et de l’esprit scientifique directement « sur le terrain » et avec des scientifiques de renommée internationale ! De 14 à 16 ans, j’étais sur un bateau-école. À bord, nous étudions plusieurs thèmes :

  • l’océanographie (courants, masses d’eau, pollution…)
  • les mammifères marins (particulièrement les dauphins et cachalots aux Açores)
  • l’estran (espace entre les marées hautes et basses) qu’il soit sablonneux, rocheux ou vaseux
  • les milieux terrestres (savane, forêt sèche et humide, mangroves) de l’Afrique de l’Ouest et d’Amazonie

Évidemment étudier ces sujets sur place avec des scientifiques français, anglais, allemands ou américains est une expérience qui marque une vie.

Je me souviens avec émotion de Roger Payne, spécialiste mondial du chant des baleines. D’ailleurs, il a été le premier à penser que les rorquals pouvaient communiquer entre eux d’un océan à l’autre. Un soir, dans le carré de « Fleur de Lampaul », il est venu nous transmettre un message important.

Avec une équipe internationale de chercheurs, ils avaient mis en évidence l’impact de la pollution par les PCB (polychlorobiphényles). Cette molécule bon marché fait partie de ce qu’on appelle aujourd’hui les « polluants organiques persistants ». Ces molécules sont quasi-indestructibles alors elles se cachent dans les sédiments marins. Elles se fixent dans les graisses des mammifères en bout de chaine alimentaire. Les effets sont ravageurs car les PCB attaquent le système nerveux central et modifient l’ADN. Ils sont responsables de cancers comme celui du sein par exemple.

C’était en 1991 et il était encore temps d’agir afin d’éviter le relargage massif de ces PCB dans l’environnement. Roger Payne nous a livré l’ensemble de ses conclusions scientifiques en nous demandant de l’aider à faire passer le message. Avec un autre jeune du bord, nous avons immédiatement réalisé un article pour Sciences et Vie Junior. Malheureusement, notre contenu a été jugé « trop anxiogène » pour les jeunes lecteurs de SVJ ! Malgré plusieurs retouches, Sven Ortoli, le rédacteur en chef a refusé de le publier. Finalement, c’est dans le journal « Le Point » que l’article a paru en 1992.

Petite précision : ces PCB étaient également utilisés dans certaines formules de vernis et peintures… Cela résonne d’autant plus avec la mission de Sol-éco aujourd’hui :

« Prendre soin du bois et de ceux qui l’aiment »

Sol-éco

Voilà donc comment j’ai été sensibilisé assez tôt aux sciences !

La société du pétrole

Depuis ces premiers moments, j’ai gardé à la fois cette méfiance de la chimie et ce questionnement scientifique.

Le début des années 90 était aussi l’époque de la prise de conscience du trou dans la couche d’ozone. Les gaz réfrigérants CFC étaient pointés du doigt. Finalement une mobilisation internationale a permis leur rapide interdiction. Le problème a été déplacé vers d’autres effets car parfois le remède ne vaut pas mieux que le problème initial.

Il faut donc sans cesse se questionner. Et chercher des éléments de réponses disponibles à un moment donné.

Cette démarche est au cœur de l’évolution de Sol-éco. Chaque litre d’huile que vous achetez est pour moi une victoire. En simplifiant, j’imagine que chaque unité vendue est une unité de produit chimique pétrolier retirée du marché. Et cela fait une grosse différence ! C’est VOTRE pouvoir.

À force d’étudier les produits chimiques pour le bois j’ai compris quelque chose de crucial. L’avènement d’une société basée sur le pétrole a des conséquence inimaginables. Plus on raffine de pétrole, plus on obtient de molécules que l’on a du mal à écouler. Alors, les raffineurs doivent s’allier avec d’autres industries afin de se débarrasser de ces résidus encombrants. Les fabricants de peintures et vernis en sont très friands. Ils obtiennent ainsi des bases chimiques pour un prix dérisoire !

C’est comme cela que les vernis à base de tung et de résines naturelles ont disparu au profit des polyuréthanes, alkydes ou acryliques.

Vous pensiez que c’était une histoire d’efficacité ?

Maintenant vous savez que c’est lié au profit. D’ailleurs, la chimie génère tellement de marge qu’elle a pu se bâtir une réputation grâce à la publicité. Dans les journaux des années 20-30 comme « l’Illustration », vous pouviez même trouver des annonces pour une crème radioactive ou des produits amiantés par exemple.

Sol-éco, l’huile de tung et la protection du bois…

Dans ce monde parfois absurde, c’est aujourd’hui à la solution naturelle la plus efficace de faire ses preuves… Par exemple, on me demande souvent si l’huile de tung protège bien le bois. C’est une question intéressante et cruciale. Je réponds que nous avons plus de 2000 ans d’expérience pour en juger ! Ce n’est absolument pas le cas des molécules issues du pétrole. Le recul est au maximum d’1 siècle pour les molécules primaires sauf que les formulations changent tout le temps ! Les normes obligent les fabricants à revoir leur copie pour abaisser les niveaux de saleté de leur produit champion des ventes.

Du coup, quel recul peut-on réellement avoir ?

On a donc inversé le système à coup de propagande mondiale. Le secteur pétrolier est l’industrie la plus puissante au monde. Même pour alimenter les magasins bio le pétrole est nécessaire !

J’ai également découvert autre chose à force de creuser ce paradoxe efficacité/légitimité…

La chimie pour la protection du bois : le mythe de Sisyphe

En remplaçant les huiles, résines et cires naturelles par une avalanche de molécules polluantes bon marché, les industriels ont gagné sur plusieurs tableaux.

C’est très malin.

Vous utilisez des produits conventionnels tels que vernis polyuréthanes, lasures, peintures acryliques et autres ?

Alors vous avez certainement dans votre garage un litre de white spirit, un reste d’acétone, une ou deux ponceuses électriques, du papier de verre…

En achetant des produits de protection du bois qui pèlent, qui craquent ou qui cloquent, vous reproduisez le châtiment de Sisyphe. Vous savez, c’est le gars qui pousse un caillou en haut de la montagne. Le caillou retombe de l’autre côté et Sisyphe recommence éternellement son vain travail.

Voici ce que je veux vous dire : ces produits vous demandent de toujours revenir au bois brut pour refaire une protection. On peut qualifier ce concept de « réactif ». À l’opposé, l’huile de tung est plutôt un procédé « proactif ». On entretient gentiment sans revenir au bois brut.

Comme ma mémé et son parquet ciré.

Je ne l’ai jamais vu décaper son plancher parce que son vitrificateur était tout rayé !

Donc, dans la philosophie « réactive », vous agissez trop tard sur un produit qui demande à être éternellement poncé puis refait tous les 4-5 ans maximum. Vous achetez alors des ponceuses, des grattoirs et tout un tas de matériel qui accapare des mètres linéaires de présentoirs dans les magasins de bricolage ! Et dans votre garage.

En plus d’acheter plus de produit, vous faites tourner une véritable industrie.

Alors je suis désolé de vous l’annoncer : la chimie du pétrole n’a pas fait ses preuve dans la protection du bois. Non. Sinon nous aurions déjà des produits miraculeux capables de tenir 20 ou 30 ans sans entretien par exemple. Je n’ai pas remarqué que les produits actuels résistaient mieux que ceux fabriqués il y a 40 ans.

Et vous ?

Alors, comment la méthode scientifique peut aider à rétablir une vérité contre ce modèle si puissant ?

Comparer et analyser : une réponse simple et peu coûteuse

Franchement, lorsque j’ai commencé à utiliser l’huile de tung il y a une douzaine d’année je n’avais pas réalisé tout ce que je vous dit aujourd’hui. Les recherches en ligne s’arrêtaient à des choses simples ou des procédés d’application.

Avec quelques clients, nous avons lancé des test comparatifs. Il y a 5 ans, j’ai entamé une collaboration avec la plus grosse scierie suisse autour de la protection du Yakisugi. Plusieurs échantillons de bois brûlés ont reçues différentes finitions : acrylique, produit chimique spécifique et huile de tung. L’idée était simplement de voir lequel allait être le plus durable. Sans trop le savoir, nous nous sommes retrouvés avec 3 familles de produits :

  • Produit à peau souple
  • produit à peau dure
  • huile de tung

Le résultat a été spectaculaire ! Cette méthode scientifique ultra simple permet de valider une hypothèse. Après plusieurs années et quelques épisodes de grêle nous avons constaté que l’huile de tung avait la meilleure résistance. Sa capacité à engorger complétement la couche de carbone sans « croûter » est un atout. Sa plasticité et sa résistance aux UV est aussi remarquable.

Le seul avantage des produits conventionnels dans ce cas est la rapidité de séchage. C’est aussi leur faiblesse car ce phénomène entraine la création d’une peau… Même au niveau prix, l’huile de tung est mieux placée !

Au-delà de la comparaison, j’ai également utilisé mon sens de l’analyse chimique pour interpréter les résultats.

En réfléchissant à la manière dont la chimie de chaque produit réagit, cela éclaire sur sa longévité.

Par exemple, tous les produits chimiques de protection du bois contiennent un catalyseur. Ce produit chimique permet à la formule de sécher rapidement. Aujourd’hui on a principalement sur le marché des produits à base d’eau. Du coup, l’eau doit s’évaporer pour que le vernis ou la lasure sèche. Donc le produit remonte en surface et la matière sèche forme une pellicule plus ou moins dure.

La chimie pour trouver des alternatives naturelles

Voici une dernière illustration de l’importance des sciences pour trouver des alternatives aux produits chimiques. J’ai parlé un peu plus haut de l’acétone et du white spirit. Ces 2 diluants sont restés pendant longtemps des produits indispensables pour le bricolage. Pourtant, il existe de nombreuses autres molécules qui peuvent les remplacer.

C’est le cas d’un hydrocarbure naturel : le D-Limonène. Ce terpène est un pur produit de la chimie du carbone. Et il est totalement d’origine végétale et renouvelable puisqu’il s’agit de l’huile d’orange ! Issu du pressage des peaux d’orange, ce liquide transparent est un redoutable diluant capable de dissoudre un morceau de polystyrène en quelques instants. Même s’il est d’origine naturelle, il faut quand même faire attention à son stockage et à ses résidus. Il est dangereux pour la flore et pour l’eau.

Je suis sûr que cet exemple de substitution n’est pas unique. Grâce à la science, on peut mieux comprendre les phénomène à l’œuvre dans une réaction chimique. Il devient alors plus facile de chercher une alternative crédible.

Et demain ?

Inventer le monde de l’après-pétrole est un enjeu de taille pour l’humanité. Les sciences occupent une position centrale dans ce challenge.

Pour Sol-éco, l’objectif prioritaire est de sécuriser et rapprocher la production d’huile de tung.

Je commence donc à travailler avec des scientifiques pour étudier les sols, les climats, l’hydrographie de différents sites où nous pourrions établir une plantation de tung. C’est un travail à long terme et je nourris de grands espoirs à ce sujet. Vous serez bien sûr informés régulièrement de l’avancée de ce chantier en vous abonnant à la lettre par mail de Sol-éco.

Je profite aussi de ce moment pour vous annoncer le début d’un projet énorme porté par Sol-éco :

>>> PLANTER 1 MILLION D’ARBRES DANS LE MONDE D’ICI 5 ANS !<<<

Je créé avec Sophie une association développer ce projet : I Have A Tree

Les sciences seront encore une fois au centre de ce challenge incroyable 😉

À bientôt,

Guillaume de Sol-éco

3 thoughts on “Chimie et protection du bois : les sciences contre les solutions naturelles ?

  1. Brodin dit :

    Mes connaissances en bois brûlé et en huile de tung s’affinent et se renforcent grâce à toi. Et ta manière de l’écrire est de plus en plus forte, comme une conviction se transformant en foi, celle de planter des arbres par exemple, pour boucler la boucle. Bravo et respect à ton, votre travail et à votre partenariat. Je vous embrasse

    1. Guillaume Le Penher dit :

      Merci Antoine !
      C’est exactement ça ! Plus j’étudie l’huile de tung et les autres produits dits « conventionnels » et plus je suis persuadé que le marché actuel de la protection du bois est une vaste plaisanterie malsaine. As-tu déjà protégé du bois avec de l’eau ? Non bien sûr. Alors pourquoi on tente de nous refourguer des produits en phase aqueuse ???
      Alors oui, ma conviction grandit que cette huile doit revenir au centre du jeu et que je dois y contribuer de toutes mes forces.
      Quant aux arbres, je les aime tellement 😉 Ils sont une part de la solution au problème climatique alors :
      PLANTONS !
      À bientôt,
      Guillaume

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