Mon ancien poulailler acheté en kit n’a pas bien résisté aux intempéries. Il devenait urgent de trouver une nouvelle solution d’hébergement pour nos poules. Vu le type de matériaux utilisés pour ce poulailler, je n’avais pas envie d’investir à nouveau entre 250 et 350€ !
J’ai alors établi un nouveau cahier des charges strict pour ce nouveau poulailler fait maison :
- Pouvoir le fabriquer rapidement avec mon fils de 9 ans
- Qu’il puisse accueillir entre 2 et 6 poules
- Que je puisse y rentrer debout
- Un design original
- Pas trop cher
- Une structure bois légère et résistante à la fois
- Si possible mobile/déplaçable ou démontable
Avec de telles attentes, le challenge était corsé !
Et puis j’ai rapproché 2 idées diffuses dans ma tête : mon besoin de poulailler et ma fascination pour les dômes géodésiques… Cette association a fait mouche ! Il me fallait un poulailler-dôme géodésique pour mes gallinacées.
Seulement, il me fallait encore résoudre quelques problèmes techniques avant de pouvoir lâcher les cocottes dans ce poulailler insolite. Un dôme géodésique, c’est complexe. Il faut calculer les longueurs, les angles, faire des connecteurs… Bref, pas mal de choses à apprendre.
Comme le résultat est vraiment satisfaisant, j’ai décidé de vous partager tout mon cheminement afin que vous puissiez vous aussi fabriquer facilement un poulailler dôme.
Sommaire
La fin du poulailler en kit
Il y a 4 ans, nous avions investi dans un poulailler en kit pour nos poulettes. Dans un magasin spécialisé, nous avions craqué pour un modèle assez spacieux avec un design rustique qui nous convenait (celui qui est en photo ci-dessus). Ce poulailler était plutôt bien conçu et prévu normalement pour héberger 10 à 12 poules pondeuses.
Premier constat : il nous paraissait impensable de faire cohabiter 10 gallinacées dans un espace de 2,30×1,30m. Nous avions donc ajouté un enclos à ce poulailler.
La structure du toit en sandwich de 1mm de panneau (genre 1 seul pli de contre plaqué !) était vaguement renforcée par des tasseaux en peuplier. En gros, c’était la toile bitumée du dessus qui fixait l’ensemble. Cette composition hasardeuse était vouée à une courte vie. En plus, c’est uniquement sur les parties mobiles des couvercles des pondoirs et le toit du poulailler que ce sandwich a été utilisé ! Ce sont les parties les plus sollicités par les intempéries et par l’ouverture/fermeture pour aller chercher les œufs. Inutile de vous dire que les vis des charnières n’ont pas tenu dans le petit tasseau en peuplier !
Pourtant d’autres aspects de ce poulailler était plus convaincant :
- ouverture large à l’arrière pour changer la litière (bon les taquets de fermeture ont fini eux-aussi par me rester dans les mains alors que je les ai peu manipulés…)
- système de tôle coulissante pour récupérer les fientes (sinon l’acidité et l’humidité pourrit très vite le bois)
- côtés en tasseaux et grillage qui a tenu correctement
J’ai vu après qu’il existait une bâche anti pluie pour prolonger la vie du poulailler. Franchement, je ne me vois pas mettre et enlever la bâche à chaque averse bretonne…
Du coup, je ne voulais pas réitérer cette expérience décevante. Je cherchais donc depuis un moment comment faire un poulailler original et durable pour accueillir nos poulettes dignement.
Le dôme géodésique en architecture
Ma passion pour les dômes géodésiques est très certainement influencée par 2 de mes voisins qui vivent dans des maisons-dôme. L’une d’elle fait 400m2 de surface intérieure (soit une des plus grandes jamais construites) et tourne à la demande sur un axe. C’est vraiment bluffant de pouvoir suivre la course du soleil pendant un repas ! L’ensemble de la couverture est en bardeaux ce qui donne un effet d’écailles de bois vraiment chouette. Je vous ferais certainement un article pour vous présenter cette maison dôme incroyable en allant interroger les sympathiques propriétaires…
Revenons aux fondamentaux. Vous vous demandez peut-être ce qu’est exactement un « dôme géodésique » ? Un dôme géodésique c’est une demi-sphère. Dans le cas d’une structure légère, elle est constituée d’un assemblage de triangles. Suivant la fréquence des triangles, l’aspect est plus ou moins proche d’une géode. La taille des facettes varie en fonction du diamètre de la géode et du type de fréquence. Pour l’enclos à poule que je vous présente ici, le résultat est proche de la géode grâce à la « fréquence 3 ». Le triangle est considéré comme une « forme parfaite ». En effet, il offre le maximum de portance pour un minimum d’effort structurel. Les forces sont réparties de manière équilibrées en tout sens.
Techniquement, le dôme géodésique répond totalement à mon besoin de structure légère. Un dôme est la figure géométrique qui permet d’obtenir le plus grand volume avec le moins de matière. On doit le premier dôme géodésique à l’ingénieur allemand Walther Bauersfeld (lien en anglais). Il créa pour la firme d’optique Carl Zeiss le premier planétarium à Jena en Thuringe.
A la fin des années 40, ses travaux furent repris et popularisés par l’architecte américain Richard Buckminster Fuller. En 1954, un premier dôme géodésique a été érigé sur une usine Ford. Associé à l’architecte japonais Shoji Sadao, il conçurent le dôme du pavillon américain de l’exposition universelle de 1967 à Montréal. Ce dôme est toujours en place sur l’île Sainte-Hélène et connu sous le nom de « Biosphère ». Mes poules aussi auront droit à leur « Biosphère » !
Un poulailler de luxe pour mes 2 poules !
Inspirée par la vision écologique et avant-gardiste de Buckminster Fuller, le choix du dôme pour mon poulailler est devenu une évidence. Seulement, en me penchant sur le projet, cela semblait vraiment compliqué à construire. Certains sites proposent même des calculateurs pour définir les longueurs de branches, les angles et le nombre de facette suivant la fréquence choisie. Je n’avais pas vraiment envie de devoir passer des heures à préparer ce chantier.
L’un des problèmes majeurs de ce type de construction est la connexion entre les triangles. J’ai pu évacuer rapidement et simplement ce point technique délicat grâce à un kit. Une marque anglaise a résolu ce problème grâce à des connecteurs à visser au bout des branches de nos triangles. Avec ces connecteurs, fini le calcul des angles et la fabrication de pièces métalliques compliquées !
J’ai donc fait l’acquisition d’un kit de dôme géodésique pour un prix très raisonnable. Comme j’ai adoré le concept autant que le produit, j’ai discuté avec l’entreprise anglaise qui les fabrique. Retrouvez-les maintenant dans la boutique Sol-éco.
Maintenant, pour construire mon poulailler maison en dôme, il ne restait plus qu’à suivre les instructions simples et claires…
Un kit pour dôme géodésique
Avec ce kit et leurs explications, le fabricant nous assure que construire un dôme géodésique est un jeu d’enfant ! Cela tombe bien car j’ai justement un enfant joueur sous la main : mon fils de 9 ans !
Selon la longueur des tiges (tasseaux) en bois, on peut ériger un dôme de 2 à 5 mètres de diamètre. Plus le diamètre est grand, plus vous avez de hauteur à l’intérieur. Cependant, si vous choisissez de faire un dôme de 3 mètres de diamètre et que vous souhaitez plus de 1,5m de hauteur intérieure alors vous pouvez ajouter une base.
Le kit se compose de :
- 150 connecteurs à boule
- 150 vis inox
- 20 connecteurs à 6 pans
- 6 connecteurs à 5 pans
- Platines, écrous et vis papillon pour le serrage des connecteurs
- 1 écrou à œil pour suspendre quelque chose (mangeoire, abreuvoir pour les poules)
Le tout livré dans un petit sac en toile très pratique…
Avant de se lancer dans notre chantier à mi-chemin entre les Kapla et les Mikados, il a fallu préparer les tiges en bois, non comprises.
Préparation et montage du poulailler XXL
Pour un dôme de 4 mètre de diamètre (soit 12,56m2), j’ai préparé 65 tasseaux de section 32x32mm :
- 30 tasseaux courts de 1005mm
- 35 tasseaux longs de 1148mm
Bon, ça c’est la théorie car en fait j’ai modifié la longueur de 4 tasseaux pour créer une entrée triangle. Vous pouvez voir le résultat sur une photo plus bas dans l’article. Les infos pour créer une entrée sont quasi absentes de la documentation du fabricant.
J’ai suivi scrupuleusement les indications sans aucun calcul. J’ai bien sûr débité ces tasseaux dans du douglas de ma forêt que j’ai ensuite brûlé et huilé à l’huile de tung. Ces pièces en Yakisugi permettent une unité de ton avec l’architecture de la maison. Cette phase a été plus longue que prévu. Je pensais pouvoir débiter ces faibles sections dans des chutes de plateau de douglas. En fait, plus la section de bois est petite et plus il y a de perte car je suis tombé sur des nœuds qui fragilisaient la résistance de la pièce. J’ai donc eu pas mal de rebut…
J’ai également préparé 10 pièces en bois pour la base (environ 1100x120x38mm). Je voulais une base stable, qui donne un peu de poids et qui résiste aux coups de griffes des poules. Ces pièces sont également brûlées et huilées pour augmenter leur longévité car elles sont en contact avec le sol.
Une fois cette phase préparatoire terminée, mon fils et moi avons vissé les connecteurs à boule au bout de nos tasseaux. Grosso modo, cela nous a pris environ 30 minutes. Sans nous presser.
Nous avions également débroussaillé en amont la zone où nous voulions implanter notre poulailler.
A l’aide des connecteurs à 5 et 6 pans, nous avons assemblé à plat les premiers triangles qui constituent le sommet du dôme. C’est vraiment très rapide et ludique ! En quelques minutes on voit le dôme prendre forme. Il y a un côté magique. Il nous a fallu guère de 40 minutes pour assembler toute la structure, la lever progressivement puis bloquer les assemblages à l’aide des vis papillon.
Ensuite, j’ai dû faire une modification pour aménager une entrée. Les connecteurs laissent une tolérance pour les assemblages. Cela m’a permis de modifier la géométrie d’un triangle pour avoir un poulailler à hauteur d’homme dès l’entrée. Un vrai changement par rapport à notre ancien poulailler pas du tout ergonomique.
Un poulailler-volière !
Une fois la structure du dôme montée, nous nous sommes retrouvé mon fils et moi dans un volume vraiment agréable. On ressent une sensation de confort à l’intérieur d’un dôme géodésique. On imaginait déjà des oiseaux évoluant dans cette sorte de poulailler-volière.
Maintenant, il fallait prendre une décision importante à propos du type de couverture de cette belle structure. Je pensais utiliser au départ du grillage à maille carré galvanisé. Vu la surface nécessaire et la perte engendrée par les découpes, j’ai vite laissé tombé. Le budget aurait été faramineux ! En plus, je souhaitais diviser le volume en 2 parties :
- Un « parcours extérieur »
- Une zone abritée de la pluie et du vent d’ouest
J’ai donc tranché en utilisant de la bâche agricole agrafée d’un côté et du filet en polypropylène noir de l’autre. Je l’ai acheté en jardinerie. Je vous mets un lien ici pour vous montrer le style et la taille. Prenez une bonne largeur car avec la forme des triangles il y a de la perte.
Le filet se fond bien dans le décor. Il est facile à mettre en place et sa résistance est suffisante. J’ai vraiment gagné sur 2 tableaux avec cette solution : le temps et le prix. Même si c’est une matière plastique, l’impact est moindre qu’un grillage galvanisé.
Je suis plus réservé sur la bâche agricole transparente. Certes la solution est rapide et économique mais je ne sais pas combien de temps elle va vraiment résister. Il faudra de toute façon la changer avant qu’elle ne se disperse en petit morceaux dans la terre. Donc pas plus de 3 ans de durabilité…
Autres alternatives de couverture
La structure du dôme ne résisterait pas une couverture en verre (même du 3mm securit) ou en plexiglas. Il n’y a donc pas tellement d’alternative, sauf à faire tailler sur mesure une bâche style toile de tente ou en PVC cristal... La durabilité serait plus grande mais pas éternelle non plus. Le budget est pas mal non plus car la bâche pvc est minimum à 10€/m2. Une autre alternative que j’aurais pu choisir est une bâche armée avec un prix à peine supérieur à 1€ le m2. C’est moins transparent mais ça me semble un bon compromis.
Si vous avez des suggestions et des idées, postez-les en commentaires 🙂
Il me reste maintenant à fabriquer un pondoir et fixer çà et là des perchoirs pour les poulettes. Finalement, j’ai gardé une partie de l’ancien poulailler en kit pour les pondoirs. Par contre j’ai coupé l’avancé de toit et enlevé les panneaux latéraux qui entravaient la course-poursuite des poules… Aux dernières nouvelles mes poules ne logent pas DANS le pondoir mais SUR le toit du pondoir ! Allez comprendre.
Petit détail : l’écrou anneau livré avec le kit est parfait pour suspendre l’abreuvoir ou une mangeoire. Il remplace un vis 6 pans dans un des connecteurs.
Un poulailler de qualité à faire soi-même
Avec ce kit, nous avons fabriqué un poulailler insolite et pratique en très peu de temps ! J’ai trouvé cela tellement amusant que j’ai immédiatement contacté l’entreprise anglaise comme je vous le disais plus haut.
les possibilités des assemblages du dôme
Que pensez-vous si je proposais des kits complet, c’est-à-dire avec les tasseaux ?
Postez vos réactions en commentaire pour me dire si vous trouvez cela intéressant ou bien si j’ai passé trop de temps avec mes poules…
Et si vous n’avez pas de poules, ces dômes géodésiques peuvent servir de serre (prévoir une aération haute !), de pergola originale, d’espace de jeu extérieur, de cabane pour les enfants… Enfin bref, il y a d’infinies possibilités à explorer. On peut même connecter plusieurs dômes ensemble pour multiplier l’espace !
J’ai hâte de voir vos propres dômes ! C’est à votre tour de vous lancer dans la fabrication de dômes géodésiques avec le kit Hubs.
Bon chantier,
Guillaume
J’adore cette idée de poulailler fait maison ! C’est à la fois économique et original. Merci pour les conseils pratiques, je vais me lancer !
Vos poulettes vont adorer !
Chez nous c’est plus basique…les poules dorment dans la vieille grange…
Bonjour, je découvre ton site, c’est super intéressant et original ! Je n’ai pas encore de jardin, mais c’est un souhait pour le futur. J’aimerais aussi avoir des poules, des lapins peut-être, etc… Pourquoi pas utiliser un de tes kits.
Cependant, je vis en autriche. Auriez-vous un moyen pour envoyer le paquet jusque là ?
Merci en tout cas pour le partage de ce super idée ! 🙂
Bonjour Marie,
J’expédie dans toute l’Europe et l’Autriche est une des destinations les plus simples 😉
En tout cas je te souhaite d’avoir bientôt ton propre jardin car c’est vraiment un lieu de ressourcement et d’expérimentation sans fin !